Contractures musculaires, hernie discale, tassement vertébral… Les causes des maux de dos sont variées et reflètent la complexité de cette partie de notre anatomie. Pourquoi a-t-on mal au dos ? Quand consulter ?
GIPHAR Magasine, Thomas Coucq
Plus moyen de vous pencher sans vous tordre de douleur ? Vous n’êtes pas le seul ! 80 % des Français souffrent de maux de dos ou en souffriront un jour ou l’autre. Les lombalgies – douleurs dans le bas du dos – seraient la première cause de limitation d’activité chez les moins de 45 ans. De telles douleurs peuvent en effet avoir un impact important sur l’activité professionnelle et la qualité de vie. Et personne n’est épargné ! Vieux ou jeune, homme ou femme, travailleurs de force ou sédentaires, tout le monde peut être touché.
Une colonne, des douleurs
Mais ces douleurs peuvent avoir des origines très variées. La colonne vertébrale est un empilement d’une trentaine d’os : les vertèbres. Autour de cet axe osseux, ligaments, muscles et disques intervertébraux – sorte d’amortisseurs qui se trouvent entre les vertèbres – s’enchevêtrent et complètent le puzzle afin de « verrouiller » la colonne, de la tenir en place, tout en conservant souplesse et mobilité. C’est ce qui nous permet de nous tenir droit, de bouger, de nous pencher, de tourner la tête … Qu’une pièce de ce pilier articulé soit mise à mal, et la douleur n’est jamais loin.
Des maux de dos
Un faux mouvement, une mauvaise posture peuvent par exemple provoquer des problèmes de dos. Mais la douleur peut également survenir suite à de l’arthrose au niveau des articulations de la colonne, à un tassement des vertèbres lorsque l’ostéoporose fragilise les os (Ce type de fracture se manifeste notamment par une diminution de la taille), à une souffrance des disques intervertébraux, parfois même une hernie discale (voir encadré)…
Dans de plus rares cas, les maux de dos peuvent aussi être la projection d’une douleur plus distante, en cas d’ulcère d’estomac par exemple, ou être due à une infection, une maladie inflammatoire rhumatismale voire des métastases…
Quand consulter ?
Quand est-il dès lors conseillé de consulter ? « Dès que la douleur est rebelle et ne disparaît pas avec des antalgiques et un peu de repos », répond le Dr Charley Cohen, rhumatologue, spécialisé en médecine physique. « Reste ensuite à déterminer l’origine de la douleur. On ne traite pas de la même manière des contractures musculaires ou un tassement vertébral. » Antidouleur, injections locales superficielles d’un mélange d’anti-inflammatoires et d’anesthésiant, kinésithérapie, exceptionnellement chirurgie… Autant de solutions pour retrouver un dos solide et sans douleur.
Un peu d’anatomie
Notre colonne vertébrale est composée de
7 vertèbres cervicales,
12 vertèbres thoraciques,
5 vertèbres lombaires,
le sacrum et
le coccyx.
La sciatique, késaco ?
En cas d’hernie discale, le noyau qui se trouve normalement au centre du disque intervertébral sort et forme une saillie hors du disque. Si cette hernie comprime le nerf sciatique qui contrôle la motricité et la sensibilité des membres inférieurs : la douleur avec parfois diminution de la sensibilité et faiblesse musculaire du pied. C’est la fameuse sciatique qui irradie dans un membre inférieur.
En savoir plus
Pour continuer la lecture :
Mal de Dos, le guide. Dr Charley Cohen. Éditions du Dauphin. 350 pages.
Merci au Dr Charley Cohen, rhumatologue, ancien chef de clinique de la faculté de Médecine de Paris.
Les enfants aussi !
Les maux de dos n’épargnent pas forcément nos chères têtes blondes. Or, un dos, c’est pour la vie ! Autant prendre de bonnes habitudes au plus vite… et s’éviter quelques tracas.
Selon une étude, près d’un enfant sur 4 âgé de 11 à 14 ans souffrirait de douleurs dans le bas du dos au moins une fois par mois (Watson KD, Papageorgiou AC, Jones GT, et al. Low back pain in schoolchildren : occurrence and characteristics. Pain. 2002 ; 97 : 87–92). Régulièrement pointé du doigt : le cartable. Trop lourd, il serait le responsable des maux de dos de nos enfants. Besoin d’un repère ? Son poids ne doit pas dépasser 10 % de celui de l’écolier.
Sus au cartable trop lourd
Pour atteindre cet objectif, privilégiez un sac à dos léger et ne placez dans celui-ci que les livres dont votre enfant aura besoin au cours de sa journée.
Il est également préférable que l’enfant porte le cartable sur son dos avec les deux bretelles. Porter un sac trop lourd à la main, à bout de bras ou sur une seule épaule pousse l’enfant à s’incliner de l’autre côté pour compenser. Ce qui peut faire souffrir la colonne vertébrale. Dans le même ordre d’idée, veillez également à répartir le poids équitablement des deux côtés du cartable afin d’éviter tout déséquilibre.
De mauvaises habitudes
Mais le cartable n’est pas le seul coupable. Il n’est en effet pas rare qu’un enfant prenne de mauvaises habitudes et adopte des postures délétères pour le dos. Les plus jeunes ont par exemple parfois tendance à se pencher excessivement en avant et donc à courber le dos lorsqu’ils travaillent sur un bureau ou à se tordre sur leur chaise. Quant à vos ados, il n’est sans doute pas rare qu’ils s’affalent de tout leur long dans le canapé devant la télé.
Pour éviter de tels écueils, la règle est simple : votre enfant doit prendre l’habitude de garder le plus possible son dos droit et les épaules vers l’arrière. Vous pouvez par exemple vérifier que le bureau sur lequel il effectue ses devoirs est à sa hauteur et qu’il dispose d’un éclairage suffisant lorsqu’il fait ses devoirs.
De bonnes habitudes
Prendre de bonnes habitudes commence dès le plus jeune âge. N’hésitez pas à encourager votre enfant à faire du sport. L’activité physique, outre ses bénéfices multiples – contre le surpoids notamment – permet aussi de renforcer les muscles qui soutiennent le dos. Une bonne façon de s’y prendre au plus tôt et de capitaliser pour un dos en pleine santé à l’âge adulte !
Scoliose : la repérer au plus vite
La scoliose – une déformation en « s » de la colonne – est l’un des problèmes de dos les plus fréquents chez l’enfant. Elle n’est pas douloureuse mais évolue et s’accentue tout au long de la croissance. D’où l’importance de la dépister au plus vite afin d’initier une prise en charge adaptée.
Pour la dépister, demandez à votre enfant de se pencher en avant. Si une bosse se forme au niveau du dos, il s’agit d’une scoliose.
Merci au Dr Charley Cohen, rhumatologue, ancien chef de clinique de la faculté de Médecine de Paris.
Prévenir les maux de dos en pratique
Prévenir les maux de dos est un travail de chaque instant ! Découvrez en image comment prendre soin de votre dos au quotidien et en toutes situations.
Au bureau
Le travail de bureau est aujourd’hui devenu une chose courante. Nous ne sommes malheureusement pas faits pour rester assis de longues heures derrière un écran. Pour limiter les dégâts, évitez le « dos rond, tête en avant » que l’on a souvent tendance à adopter derrière un bureau.
La position idéale ? Le dos droit et les coudes et les cuisses à 90°C par rapport à votre dos. Prévoyez un siège réglable en hauteur. Pensez également à vous lever régulièrement pour faire quelques pas et vous étirer.
Ramasser un objet par terre
Gardez le dos bien droit lorsque vous vous baissez pour ramasser un objet par terre. Pensez à plier les jambes. Vous pouvez également vous aider de vos membres supérieurs pour prendre appui et garder votre équilibre lorsque vous vous baissez. Et vous appuyez sur votre genou pour vous relever.
Faire le ménage
Pensez à choisir des instruments (aspirateur, balai, etc.) à votre taille, c’est-à-dire qui vous permettent de vous livrer à votre activité sans devoir plier le dos. Si nécessaire, vous pouvez également plier légèrement un genou pour vous mettre à la bonne hauteur lorsque vous passez l’aspirateur.
Soulever une charge
Lorsque vous devez soulever une charge, pliez les jambes afin de garder votre dos droit. « Verrouillez » votre position en contractant vos muscles abdominaux et poussez sur vos jambes. Une fois relevé, évitez de vous cambrer ou au contraire de vous pencher en avant et gardez la charge le plus près possible du corps. Cela permet de limiter la tension exercée sur le dos en respectant sa courbure naturelle et en répartissant également l’effort sur les jambes.
Au lit
Dormez sur le dos ou sur le côté en chien de fusil. Évitez par contre de dormir sur le ventre ou de « tordre » le cou. Le matelas doit être ferme, mais pas trop. L’oreiller ne doit pas être trop épais mais juste assez pour soutenir votre cou tout en respectant sa courbure naturelle.
De bons abdos pour un bon dos
On n’a pas un bon dos, sans un bon ventre. Les muscles abdominaux participent également au bon soutien de la colonne vertébrale. Pour éviter les maux de dos, il est donc conseillé de pratiquer une activité physique régulière. La natation, sport complet par excellence, est particulièrement recommandée, mais tous les sports sont bénéfiques à condition de bien s’échauffer et d’éviter les « faux mouvements ».
Si vous optez pour la natation, privilégiez la brasse coulée (la tête plongée sous l’eau) et le crawl sur le dos, qui permettent tous deux de moins creuser la colonne lombaire pendant l’effort.
Merci au Dr Charley Cohen, rhumatologue, ancien chef de clinique de la faculté de Médecine de Paris.
J’ai mal au dos, c’est dans la tête ?
Le stress aurait un impact important sur notre dos. Mais ce qui se passe dans notre tête peut-il réellement favoriser l’apparition de douleurs ? Explications avec le Dr Charley Cohen, rhumatologue, spécialisé en médecine physique.
Le stress peut-il favoriser l’apparition de maux de dos ?
« Oui, le stress est clairement un facteur de risque. S’il est mal géré, il peut favoriser l’apparition de maux de dos ou encore aggraver des douleurs préexistantes. »
Quels sont les mécanismes en jeu ?
« Le stress est une réaction naturelle de l’organisme qui survient lorsqu’il doit s’adapter à un événement extérieur agressif. Il induit une tension musculaire puis des contractures douloureuses des muscles du dos. Mais ce n’est pas tout ! Le stress concourt également à abaisser le seuil de tolérance à la douleur et à augmenter la perception de la souffrance. »
Une dépression peut-elle également avoir un impact sur des maux de dos ?
« En effet, on somatise par les endroits les plus fragiles du corps. Une dépression peut se matérialiser par des douleurs au niveau du dos. Mais l’inverse est également vrai ! »
Comment ça ?
« Un patient peut être déprimé parce qu’il a mal au dos depuis de nombreuses années. Des douleurs chroniques peuvent en effet avoir un impact indirect sur l’humeur d’une personne en engendrant des perturbations dans sa vie familiale, professionnelle, affective… Elles peuvent dès lors à long terme entraîner en réaction un état dépressif secondaire, qui va à son tour entretenir ou aggraver les maux de dos. C’est un véritable cercle vicieux ! »
Que faire lorsque l’on souffre du dos à cause du stress ?
« Lorsque les douleurs sont dues au stress, prendre en charge la douleur physique n’est pas toujours suffisant. Dans ce cas, mieux gérer le stress au besoin faire appel à un psychothérapeute. Différentes approches peuvent également aider à se détendre et à réduire les tensions musculaires : relaxation, yoga, sophrologie, taï-chi… Sans oublier l’exercice physique pour se relaxer tout en tonifiant le dos. Un bon sommeil est également important. Lorsqu’on dort mal, on est plus fatigué et la douleur s’accentue. »
Tous au bain !
Lorsque les douleurs dorsales, lombaires ou cervicales sont dues à des contractures musculaires – qu’elles soient elles-mêmes dues au stress ou pas – la chaleur peut soulager et aider à détendre les muscles : une bouillotte, un peu d’air chaud soufflé avec un sèche-cheveux, des patchs chauffants ou mieux encore un bon bain chaud. Rien de tel pour se détendre !
Merci au Dr Charley Cohen, rhumatologue, ancien chef de clinique de la faculté de Médecine de Paris.
Le scalpel a bon dos
En chirurgie du dos, de nouvelles approches ont changé la donne ces dernières années. Le principe ? Moins d’incisions, pour moins de traumatismes.
L’idée de « passer sur le billard » séduit peu de monde. Bonne nouvelle : si votre dos vous fait souffrir, vous ne devrez sans doute pas passer par la case chirurgie. L’intervention chirurgicale n’est indiquée que dans certaines indications précises – une hernie discale avec compression du nerf sciatique par exemple – et seulement lorsque les autres traitements (voir encadré) ont échoué ou dans de rares cas d’urgence (en cas de sciatique compliquée d’un syndrome de la « queue de cheval »).
De nouvelles chirurgies
Ces dernières années, la chirurgie du dos a toutefois bien changé. Des techniques permettent désormais de combler une fracture encore appelée tassement vertébral en y injectant un ciment chirurgical ou bien de remplacer un disque intervertébral – l’amortisseur qui se trouve entre deux vertèbres – par une prothèse ou encore pratiquer une fusion de 2 vertèbres
Opérer à travers la peau
Autre avancée : auparavant on « ouvrait » systématiquement le patient. Pour accéder à la zone à opérer, il était ensuite nécessaire de se frayer un chemin entre les muscles insérés dans la colonne vertébrale, au risque de les abîmer. Mais, aujourd’hui, des techniques moins « invasives » sont de plus en plus courantes. Plus besoin d’ouvrir largement le patient ; quelques petites incisions suffisent ! Grâce aux techniques de radiographie qui permettent de voir « à travers la peau » durant l’intervention, la chirurgie percutanée permet par exemple de fixer des vis sur la colonne vertébrale à travers des trous de quelques millimètres seulement.
Mini-incisions, mini-traumatismes
Il est également désormais possible grâce à quelques petites incisions de 2 à 4 centimètres de faire passer les différents instruments nécessaires à l’intervention, et notamment un endoscope, une caméra qui permet au chirurgien de voir sur un écran le déroulement de l’intervention et de guider ses instruments. De nouveaux outils permettent également désormais d’écarter en douceur les muscles et d’atteindre la zone à opérer en les préservant un maximum. Résultats ? Moins de traumatismes et moins de douleurs après l’opération. Le patient est sur pied plus rapidement.
Des traitements conservateurs
Avant d’envisager la chirurgie, différents traitements permettent de supprimer la douleur et de retrouver une activité normale.
Les traitements médicamenteux : Antidouleur, anti-inflammatoires (en l’absence de contre-indication digestive) ou myorelaxants (qui permettent de détendre les muscles) ;
Les injections locales superficielles d’un mélange d’anti-inflammatoires et d’anesthésiant directement dans les zones douloureuses voire une infiltration profonde de cortisone sous contrôle radio ;
La kinésithérapie : elle permet d’étirer, de renforcer les muscles qui soutiennent le dos ou encore de corriger la posture ;
Certaines médecines douces, comme la phytothérapie ou l’acupuncture, peuvent également aider à soulager les maux de dos.
Merci au Dr Charley Cohen, rhumatologue, ancien chef de clinique de la faculté de Médecine de Paris.