Le rhumatisme psoriasique est une maladie inflammatoire chronique hétérogène qui évolue par poussées. Il touche autant l’homme que la femme. Près de 20% des patients ayant un psoriasis cutané souffriront d’un rhumatisme psoriasique associé.
Les lésions cutanées érythémato-squameuses, souvent inesthétiques, sont actuelles ou découvertes dans les antécédents personnels, avec une prédisposition génétique nette. Le rhumatisme apparaît en général dans les 10 ans après l’apparition de la dermatose. L’atteinte du cuir chevelu, des plis et surtout des ongles est prédictive du développement du rhumatisme psoriasique. Mais, dans plus de 10 % des cas, le rhumatisme psoriasique précède l’apparition du psoriasis. Il existe même des rhumatismes psoriasiques sans psoriasis : dans ce cas, la présence d’un psoriasis dans la famille peut aider à poser le diagnostic.
Deux grandes formes cliniques peuvent être associées :
- l’atteinte dite axiale proche de la spondylarthrite prédominant au niveau de la colonne vertébrale est en fait assez rare. Les douleurs lombo-fessières mais également cervicales ou dorsales de type inflammatoire sont alors associées à l’antigène HLA B27 et à une inflammation des sacro-iliaques le plus souvent asymétrique parfois unilatérale, à l’irm.
- l’atteinte périphérique, la plus fréquente, touche les articulations des membres (genou, hanche, épaule, poignet). Les arthrites inflammatoires sont typiquement asymétriques avec un risque de déformations et de destructions articulaires. Elles touchent les grosses articulations, les doigts ou les orteils et ont comme caractéristiques :
➔ les articulations interphalangiennes distales fréquemment touchées alors qu’elles sont épargnées dans la polyarthrite rhumatoïde ;
➔ le gonflement global d’un doigt ou d’un orteil qui prend une forme de « saucisse » (dactylite) ; toutes les insertions tendineuses peuvent être touchées par l’inflammation, mais surtout le tendon d’Achille ou l’aponévrose plantaire avec douleur du talon aux premiers pas (enthésite) ;
➔ l'absence de positivité des marqueurs des autres rhumatismes inflammatoires : facteurs rhumatoïdes, anticorps anti-CCP (peptides cycliques citrullinés), anticorps antinucléaires.
Ce rhumatisme s’associe à de multiples comorbidités : l’obésité notamment abdominale avec stéatose hépatique, un diabète de type 2, une hypertension artérielle. Une anxiété accrue voire une dépression, peuvent avec la sédentarité contribuer à augmenter le risque cardio-vasculaire.
Ce n’est pas parce que l’on a un psoriasis cutané et une douleur lombaire, articulaire ou tendineuse que l’on souffre d’un rhumatisme psoriasique. On peut aussi avoir un autre rhumatisme inflammatoire, une arthrite métabolique (goutte ou chondrocalcinose articulaire), une arthrose, une tendinite par sollicitation excessive souvent due à une pratique sportive ou un mal de dos banal, mécanique… sans rapport avec le psoriasis. De plus, l’association psoriasis cutané et fibromyalgie est possible, favorisée par le stress excessif ou la dépression.
Le traitement doit être le plus précoce possible. Le but est de soulager la douleur, l’inflammation, de prévenir les destructions articulaires et dans les formes axiales de lutter contre l’enraidissement.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens en première intention sont efficaces sur les poussées inflammatoires en cas d’atteinte rachidienne ou d’arthrite périphérique. La cortisone par voie buccale est plutôt déconseillée car elle peut aggraver le psoriasis cutané notamment à l’arrêt.
Les traitements locaux sont très efficaces. Il peut s’agir d’infiltrations intra-articulaires de cortisone pour soulager l’inflammation de certaines articulations des membres ou d’injections locales superficielles notamment en cas de douleurs rachidiennes ou de tendinites.
Une supplémentation en vitamine D devrait être systématique en l’absence d’exposition solaire car l’insuffisance en vitamine D est associée à une augmentation de l’activité et de la sévérité des rhumatismes inflammatoires.
On y associe, dans les formes rachidiennes, la nécessité d’une hygiène de vie et une kinésithérapie orientée vers l’auto étirement afin d’éviter l’ankylose en mauvaise position.
Les traitements de fond, d’action lente, dans les formes sévères, rebelles ou destructrices seront proposés toujours en collaboration avec le dermatologue.
Le Méthotréxate est efficace sur les manifestations articulaires périphériques et sur la dermatose, à la dose d’au moins 15 mg par semaine, toujours associé à l’acide folique, sous surveillance biologique régulière et contraception.
La biothérapie constitue un progrès thérapeutique remarquable et sera indiquée en cas d’inefficacité du Méthotréxate dans les arthrites périphériques ou les formes rachidiennes sévères. Et toujours après échec du traitement dit conventionnel, du fait, du risque d’effets secondaires (sensibilité accrue aux infections notamment pulmonaire). En première intention, les anti-TNF alpha sont efficaces sur l’atteinte articulaire, rachidienne, cutanée, unguéale et sur les enthésites. En cas d’inefficacité des anti-tnf, de nouvelles biothérapies ont été développées inhibant les cytokines pro-inflammatoires comme les anti-IL-1, 6 ou 17…
Le traitement, qui est très onéreux, doit être prescrit à l’hôpital mais vous pourrez continuer à être suivi par votre rhumatologue en ville pour une surveillance régulière et attentive.
Il est important d’avoir une bonne alimentation saine et variée, de conserver une activité physique, de mieux gérer son stress, de tout faire pour booster son moral et de se supplémenter en vitamine D.