La Main rhumatologique

 

On insistera sur l’arthrose des doigts, les doigts à ressaut et les fourmillements par canal carpien ou névralgie cervico-brachiale…

  1- L’arthrose des doigts
Vos doigts sont douloureux, raides, gonflés et déformés : ils sont probablement atteints d’arthrose. Elle touche principalement les femmes de plus de cinquante ans avec une prédisposition volontiers familiale. Comme généralement dans l’arthrose qui peut rester longtemps silencieuse, il n’y a pas de corrélation significative entre la douleur ressentie et la sévérité de l’atteinte radiographique. Il en existe 3 types :

  • L’arthrose du bout des doigts, des articulations interphalangiennes distales, entre la 2 ième et la 3 ième phalange avec apparition de bosses dénommées nodosités d’Heberden. Le diagnostic différentiel est surtout le rhumatisme psoriasique.
  • L’arthrose des interphalangiennes proximales, siège entre la 1 ère et la 2 ième phalange et s’associe aux nodosités de Bouchard. Ces articulations peuvent être atteintes dans la polyarthrite rhumatoïde.
  • L’arthrose de la base du pouce, touchant l’articulation trapézo-métacarpienne, est appelée rhizarthrose. Cette articulation en permanence sollicitée par nos activités manuelles peut altérer la pince pouce / index et les mouvements de préhension.

Les causes de l’arthrose digitale sont encore méconnues. Les facteurs de risque sont : l’hérédité, le sexe féminin, les activités professionnelles sollicitant les doigts, les traumatismes articulaires et les entorses, la sédentarité et fait surprenant, une mauvaise alimentation et l’obésité. Par une composante métabolique, le tissu adipeux sécrète des molécules pro-inflammatoires, les adipokines, nocives pour le cartilage articulaire. Les personnes obèses ont deux fois plus de risque de souffrir d’arthrose digitale. Cette arthrose métabolique des articulations non portantes est souvent associée au syndrome métabolique comprenant le diabète de type 2, l’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle. En dehors des contraintes mécaniques, ces désordres métaboliques, indépendamment du poids, peuvent même aggraver l’arthrose des articulations portantes comme le genou et la hanche

Les traitements :

  • Les antalgiques et les anti-inflammatoires par cures courtes sont prescrits en 1 ière intention.
  • Les injections locales superficielles peuvent être très efficaces.
  • Eventuellement une infiltration d’acide hyaluronique et de cortisone en cas de poussée inflammatoire.
  • Le port d’une orthèse de repos, la nuit, a une action sur la douleur, la raideur et la déformation en cas d’arthrose du pouce.
  • Les anti-arthrosiques d’action lente comme glucosamine, chondroïtine, Piasclédine® ou diacerréine peuvent être proposés.
  • L’intervention peut être faite surtout en cas d’arthrose du pouce très invalidante et rebelle au traitement médical par un chirurgien spécialisé.
  • L’éducation thérapeutique est indispensable dans l’arthrose digitale avec exercices d’auto-rééducation pour renforcer les muscles de la main, conseils d’économie articulaire mais aucune activité ne doit être interdite.


  2- Les doigts à ressaut
Pathologie très fréquente du tendon fléchisseur responsable d’une gêne douloureuse au niveau de la paume et d’un blocage avec ressaut à la flexion du doigt. Elle est plus importante le matin au réveil et peut concerner un ou plusieurs doigts, dont le pouce. A l’extrême, le doigt peut parfois rester complètement bloqué en flexion. La forme primitive est liée à l’épaississement du tendon en regard de l’articulation métacarpo-phalangienne, d’origine inconnue avec une prédisposition héréditaire. Il peut être associé à un syndrome du canal carpien ou à une arthrose des doigts. Le diagnostic est clinique et les examens complémentaires sont, dans la plupart des cas, inutiles. Il existe des formes secondaires: ténosynovite inflammatoire (dans la polyarthrite rhumatoïde), diabète, microtraumatismes par gestes manuels répétitifs lors de l’utilisation d’outils, de ciseaux…, rarement goutte ou hypothyroïdie. Le traitement repose sur :

  • Mise au repos du doigt en évitant les gestes manuels répétitifs, parfois immobilisation temporaire par orthèse.
  • Surtout injection locale superficielle en regard du nodule d’un mélange d’anesthésiant, d’un anti-inflammatoire et d’une faible dose d’un corticoïde d’action rapide, afin de diminuer l’inflammation locale et l’épaississement tendineux.
  • Infiltration de Cortisone à l’aveugle ou sous échographie.
  • En cas d’échec du traitement médical : on peut proposer une chirurgie classique, à ciel ouvert, sous anesthésie locale qui consiste à libérer le tendon ou un traitement percutané.

Les complications de la chirurgie sont exceptionnelles (adhérences, infection, algodystrophie). Après l’intervention, il n’y a pas d’orthèse ni de rééducation, le blocage ou ressaut disparait.


  3- Les fourmillements dans les doigts
En cas de névralgie cervico-brachiale (NCB), la douleur part du cou et descend dans un membre supérieur. Elle est due à une poussée inflammatoire d’arthrose ou une hernie discale. Des fourmillements (associés à une douleur ou un engourdissement) sont souvent ressentis au niveau de certains doigts de la main : le pouce et l’index en cas de NCB C6, les doigts médians dans la NCB C7, les 2 derniers doigts en cas de NCB C8. Il faudra éliminer un syndrome du canal carpien où les fourmillements au niveau des 3 ou 4 premiers doigts surviennent la nuit, au réveil, avec parfois une douleur qui remonte le long du membre supérieur. Un examen, l’électromyogramme, peut être utile pour différencier la névralgie cervico- brachiale où un nerf cervical est comprimé au niveau du cou et un syndrome du canal carpien où le nerf médian est comprimé au niveau du poignet. En cas de fourmillement des 2 derniers doigts, l’examen permettra de différencier une NCB C8 d’une compression du nerf ulnaire (cubital) au niveau du coude ou du poignet.

  Nous n’évoquerons pas les rhumatismes inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite et rhumatisme psoriasique, lupus, sclérodermie…) ainsi que l’algodystrophie.